Appel à l’aide d’une grand-mère - Marymay Albert: «Laissez-moi récupérer mon petit-fils»

La situation dans laquelle vivent ses petits-fils lui transperce le cœur. Une Rodriguaise de 68 ans, qui était de passage à Maurice, souhaite prendre en charge l’un des deux adolescents qui, dit-elle, vivent la plupart du temps dans la rue, sans manger et sans se laver. Elle supplie les autorités de lui venir en aide. L’histoire du petit Ivan, 11 ans, arracherait une larme même aux plus durs d’entre nous. Ce dernier, qui habite un faubourg de la capitale, doit chaque nuit affronter l’intense vague de froid en dormant à la belle étoile, n’ayant nulle part où aller. Pis encore, certains jours, l’enfant n’a rien à se mettre sous la dent et se voit dans l’obligation de sombrer dans les bras de Morphée le ventre vide et le cœur lourd. Cette vie misérable, il ne l’a pas choisie. Sa mère Maurel, 39 ans, lutte contre une maladie incurable dans un couvent, où elle a été placée, l’an dernier, n’ayant personne pour s’occuper d’elle. Le père, qui a sombré dans l’alcool et le désespoir, a abandonné ses deux fils – le frère d’Ivan est âgé de 14 ans. Les adolescents ont alors été placés chez une tante. Ils seraient bien souvent livrés à eux-mêmes, vivant dans une extrême pauvreté. L’aîné a rapidement abandonné l’école, tandis qu’Ivan s’y rend « de temps à autre ». Il ne sait même pas dans quelle classe il est. « Mo al lekol kan mo fin mo gayn dipin mo manze », confie l’enfant, qui a enfin eu une lueur d’espoir d’une vie meilleure avec l’arrivée de sa grand-mère.

Infections à la tête

Marymay Albert a débarqué sur le sol mauricien, le 11 mai, pour passer un mois à Maurice. Cette habitante de Cascade Pistache, à Rodrigues, est venue rendre visite à ses proches après trois ans. De ses douze enfants, sept vivent à Maurice, dont la mère d’Ivan, qui est ici depuis une vingtaine d’années. Toutefois, quelques jours après son arrivée, soit le 25 mai, cela a été la consternation. « J’ai croisé une vieille connaissance sur la route. C’est elle qui m’a appris que mes petits-enfants dormaient dans la rue », soutient-elle. La dame l’a ensuite accompagnée au quartier où se trouvent ses petits-fils. « J’ai été choquée en les voyant. Zot finn rakont mwa ki zot matant pa vinn lakaz toulezour ek laport ferme zot bizin dormi dan enn zardin zanfan. Parfwa, zot al demann vwazin enn bout dipin. Mo larm finn koule kan monn kone sa », raconte la sexagénaire. Ivan, le benjamin, l’a suppliée de lui venir en aide, car il n’a pas à manger certains jours et pas de vêtements. « Mo leker fermal. Mo finn dir li mo pou amenn li viv ek mwa Rodrigues. So gran frer dir li pa pou vinn ek mwa li. Monn trouve ki linn fini tomb dan move frekantasyon isi. Me omwin mo ti anvi sov mo ti Ivan », déclare la grand-mère qui s’occupe d’un élevage d’animaux à Rodrigues. Ivan avait aussi des infections à la tête, car il ne se lavait pas. « Je l’ai emmené chez un médecin où il a eu des soins. Je lui ai aussi acheté des vêtements et lui ai assuré que je le scolariserai à Rodrigues. Je lui ai promis un avenir meilleur et une bonne éducation. Li ti ekstra kontan. Li dir ‘granmer aster mo pa pou bizin dormi dan lari ek mo pou kapav gayn manze toulezour’ », déclare Marymay.

La CDU informée

Depuis, Ivan est venu habiter avec sa grand-mère chez des proches à Maurice. La Rodriguaise rendra aussi visite à Maurel, dans le couvent où elle vit. « Je lui ai dit que je comptais emmener Ivan vivre avec moi à Rodrigues. Elle était d’accord. J’ai aussi emmené l’enfant à la Child Development Unit (CDU) pour leur signifier mon intention de l’emmener avec moi. L’on m’a référée à un avocat en vue d’enclencher les démarches », explique-t-elle.  La CDU l’a aussi informée que la mère d’Ivan devra écrire une lettre l’autorisant à devenir la tutrice d’Ivan. « Mo finn inform kouvan me zame zot pann donn mwa let la. Zot dir plitar a sak fwa. Mo finn al get avoka ki CDU ti rekomann mwa. Linn demann mwa sink san mil roupi pou fer demars la », lance la fermière, qui a vu ses espoirs tomber à l’eau. Entre-temps, le temps a passé et il était déjà l’heure du départ pour la Rodriguaise. C’est le cœur brisé qu’elle ira déposer Ivan là où elle l’avait trouvé : dans la rue. « Mo vreman sagrin, me mo pann vreman gayn soutien pou pran Ivan. Ek mo pa kapav pran li ale ilegalman. Se ki vreman sokan, se ki bann lotorite pa pe pran kont de zanfan ki pe trenn lor lari san ledikasyon. » Marymay lance un appel à l’aide à Aurore Perraud, la ministre de l’égalité des genres, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille. « Mo swete ki minis ed mwa pou mo gayn Ivan, sinon li pou al tomb dan la delinkans. So lavi an danze lor sime koum sa. Mo finn promet Ivan mo pou revinn Moris », lance la grand-mère.