Le frère de l’activiste politique Raffick Goolfee est passé aux aveux pour le meurtre de deux mères célibataires à Pantin, en France. Selon son avocat, il a pris conscience de la gravité de la situation quand il a « vu du sang partout ».
Drame dimanche soir à Pantin, en France. Anwar Goolfee, 50 ans, ancien habitant de Plaine-Verte et activiste politique, est accusé d’avoir assassiné deux mères célibataires, Chrystelle et Amel, respectivement d’origine tunisienne et pakistanaise, au premier étage de l’immeuble où il habite. Selon la presse française, cette agression aurait pour toile de fond une affaire de pédophilie.
Placé en garde à vue, le frère de Raffick Goolfee est passé aux aveux pour l’agression mortelle des deux jeunes femmes. Lors de son interrogatoire en présence de son homme de loi, Me Laurent Binet, il est revenu en détails sur les événements précédant cette tragédie. Selon l’avocat d’Anwar Goolfee, cité par le journal le Parisien, son client « n’a jamais parlé de légitime défense ».
Joint au téléphone, l’auteur de l’article confirme que le Mauricien était au courant de ce qu’il faisait. « Il a expliqué aux policiers qu’il était chez lui quand deux femmes sont venues à son appartement. ‘Qu’as-tu fait à ma fille ?’ lui aurait lancé l’une d’elles. Selon Anwar Goolfee, l’une était armée d’un couteau et l’autre d’un ciseau à bois. Il a expliqué qu’il a reçu des coups et qu’il a pris leur arme pour les agresser. Selon son avocat, il n’était pas en danger de mort à cet instant. Il a porté plusieurs coups. Il ne s’est pas arrêté », raconte le journaliste. Toute la scène s’est produite sous les yeux de l’enfant d’une des victimes, âgé de 12 ans.
Anwar Goolfee affirme que peu après avoir commis cet acte, il a pris conscience de la gravité de la situation. « Il s’est rendu compte de la gravité de son geste en voyant qu’il y avait du sang partout. » Il a alors alerté la police et les pompiers. Un ciseau à bois a été saisi et un couteau a été retrouvé dans les escaliers. L’autopsie a révélé que les victimes ont reçu quatre à huit coups de couteau.
L’avocat Me Laurent Binet indique aussi, dans le journal Le Parisien, que c’est « un baiser sur la bouche donné quelques jours plus tôt » qui aurait mis le feu aux poudres. D’autre part, les investigations menées par la police judiciaire de Seine-Saint-Denis ont révélé qu’en 2007, le Mauricien avait déjà été mis en examen pour viol sur mineur. « Cela s’était passé dans le Val-d’Oise. Nous ne connaissons pas la nature de cette affaire. Mais à Pantin, il n’a aucun antécédent », précise le journaliste.
Les enquêteurs ont également cherché à savoir si Anwar Goolfee ne souffrait pas de troubles psychiatriques mais ils n’ont rien trouvé de concluant. Mercredi, le suspect a comparu devant le juge d’instruction pour sa mise en examen. Il demeure en détention.
À Maurice, Raffick Goolfee, qui avait affirmé dans le Défi Quotidien, le mercredi 13 juillet, que son frère avait agi en légitime défense, déclare que ce drame n’a rien à voir avec une affaire de pédophilie. « Mon frère n’est pas un pédophile. Il n’a jamais eu ce genre de penchant. C’est un homme qui a ses habitudes mais il est une personne juste et calme », lâche l’activiste politique. Selon ce dernier, son frère était souvent importuné par certains enfants de l’immeuble où il résidait.
« J’ai appris qu’à chaque fois, des enfants s’amusaient à dégonfler les pneus de sa voiture. Cette situation provoquait des tensions avec leurs parents. Il y a dix jours environ, il y a eu une altercation », affirme-t-il. Et le jour de la tragédie, le son du téléviseur de son frère était trop fort. C’est pour cette raison que les deux femmes, accompagnées d’autres personnes, sont venues le voir, avance Raffick Goolfee. « Il m’a appelé ce soir-là pour me dire qu’il avait blessé deux femmes. Il m’a expliqué qu’elles étaient venues lui dire de baisser le volume et qu’elles avaient endommagé son téléviseur. C’est ce qui a provoqué le drame. »
Itinéraire d’un sans-papiers
Anwar Goolfee se retrouve derrière les barreaux. Cet ancien activiste politique a longtemps cherché à avoir une vie meilleure. « Nous avons combattu les trafiquants de drogues », affirme son frère Raffick Goolfee. « Il a arrêté le collège en Form 3 et a été mécanicien. Puis il a trouvé du travail à la municipalité mais il n’a pas voulu continuer. Il a préféré partir. » Cela fait dix ans qu’Anwar Goolfee a quitté Maurice pour se rendre en Angleterre. Mais peu après, il est entré clandestinement en France. « Il n’avait pas de papiers. Pendant plusieurs années, il a dû travailler au noir avant d’être enfin régularisé. Il comptait venir à Maurice pour des vacances ce mardi (NdlR : 12 juillet)… » confie Raffick Goolfee.Une marche blanche en hommage aux deux jeunes femmes
Une marche blanche aura lieu ce samedi en hommage à Amelle et Chrystelle, les deux jeunes femmes tuées à Pantin dimanche dernier. Ce drame a créé une vive émotion. Une cellule de soutien psychologique a été mise sur place dans la Maison de quartier et une collecte a été organisée pour venir en aide aux familles de ces deux mères célibataires.Mario Nobin : aucun contact avec la police française
Interrogé pour savoir si la police française avait contacté la police mauricienne pour connaître les antécédents judiciaires d’Anwar Goolfee, le commissaire de police Mario Nobin soutient qu’il n’y a eu « aucune demande de la part des Français nous faisant part de telles recherches ». Raffick Goolfee affirme, lui, que son frère n’a aucun antécédent judiciaire à Maurice. « Il n’a jamais eu de problème avec la police».L’épouse d’Anwar Goolfee : « Aucun commentaire »
Roseda Goolfee, l’épouse du suspect, est d’origine mauricienne. Elle était absente de l’appartement au moment de cette tragédie. Nous sommes entrés en contact avec elle en France. « Aucun commentaire », a-t-elle répliqué avant de raccrocher. Elle est par la suite demeurée injoignable.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !