Gender Links Mauritius et la Gender Equality Foundation ont lancé la campagne « Fam dan Politik- Plis ki enn Kota » sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une pétition pour une plus grande représentation des femmes en politique. Le point avec Anushka Virahsawmy, la directrice de Gender Links Mauritius.
18.C’est le nombre de ministres femmes que le pays a eus depuis les premières élections nationales en 1967 à ce jour. De plus, souligne Anushka Virahsawmy, alors qu’elles représentent plus de la moitié de la population, la présence des femmes et leur influence dans la prise de décision politique restent disproportionnellement faibles. Cette disparité, explique la directrice de Gender Links Mauritius, mine non seulement les principes d’égalité et de justice, mais elle prive également nos sociétés de perspectives diverses, de solutions innovantes et d’une gouvernance inclusive.
Maurice a certes réalisé des progrès en matière d’émancipation des femmes, reconnaît Anushka Virahsawmy. Cependant, ce n’est pas suffisant. « Nous avons encore plusieurs défis à relever et le plus important demeure peut-être la sous-représentation persistante des femmes en politique et dans les sphères de prise de décision. »
Bien que Maurice ait signé et ratifié un certain nombre de conventions internationales portant sur l’importance des droits politiques des femmes et leur participation à la prise de décision, « notre pays échoue à mettre en œuvre certains des engagements pris », regrette-t-elle. Cela a des répercussions sur les droits des femmes en général, poursuit la directrice de Gender Links Mauritius.
C’est ainsi que Gender Links Mauritius et la Gender Equality Foundation, en collaboration avec des citoyens mauriciens, ont lancé la campagne « Fam dan Politik- Plis ki enn Kota » sur les réseaux sociaux. Une pétition est actuellement en ligne pour une plus grande représentation des femmes en politique. « Nous demandons une participation et une représentation accrues des femmes dans l’arène politique, avec au moins une candidate présentée dans chaque circonscription aux prochaines législatives », dit-elle.
La solution serait d’avoir plus de femmes en politique, donc ? « Nous ne suggérons pas qu’une simple augmentation du nombre de femmes aux législatives résoudra automatiquement les problèmes multifacettes auxquels nous sommes confrontés. Mais, nous croyons que la présence d’une masse critique minimale de femmes peut faire une énorme différence », répond-elle.
Gender Links invite ceux qui n’ont pas encore signé la pétition à le faire. « Ce n’est que si nous sommes solidaires que nous pourrons changer les mentalités et contribuer à une plus grande inclusion et diversité, consolidant ainsi notre démocratie », affirme Anushka Virahsawmy.
Elle évoque également la « EU/ GL Rezone Campaign », lancée il y a quelques années, pour la parité. Une recherche est également en cours, commandée par Gender Links en collaboration avec l’Union européenne, sur l’amélioration de la participation des femmes en politique. Cette étude, dirigée par la Pr Sheila Bunwaree, sera achevée en juillet 2024.
Elle concède toutefois que transformer l’espace façonné par le patriarcat nécessite beaucoup plus qu’une simple campagne initiée par une ou deux organisations ou individus. « C’est ce qui explique la pétition, l’étude et notre modeste demande à la société civile d’une synergie pour revendiquer les droits politiques des femmes. »
Comment, selon elle, atteindre la parité en politique ? « Je pense qu’un environnement favorable qui promeut l’égalité, l’inclusion et une tolérance zéro à l’égard de la discrimination et de la violence contre les femmes en politique, est crucial. » Elle parle également de la mise en œuvre de cadres juridiques garantissant des droits et des opportunités égaux aux femmes pour participer à la vie politique sans crainte ni préjudice.
Anushka Virahsawmy rappelle que le thème de la Journée internationale des femmes cette année était « Investing in Women, Accelerating Progress ». « Quelle meilleure façon d’investir dans les femmes que de créer plus d’espace politique et de prise de décision afin de tirer parti du réservoir de talents et de compétences que le pays possède et ainsi obtenir une situation gagnant-gagnant pour tous. Plus de femmes législatrices signifiera plus de politiques sensibles au genre, constituant ainsi sans aucun doute un outil pour accélérer les progrès », estime-t-elle.
L’exemple rodriguais
L’assemblée régionale de Rodrigues (RRA) compte 5 femmes parmi ses 17 députés. « Une de ces femmes est commissaire et l’autre est chef de file de l’opposition, ce qui équivaut au chef de l’opposition à Maurice. » Pour la première fois, en 22 ans d’existence, une femme est chef de file de l’opposition et vice-cheffe de son parti politique. « L’amendement de 2016 à la loi sur la RRA a introduit un quota de genre de 30 %. Depuis lors, tous les partis en lice pour les élections ont inscrit au moins 30 % de femmes comme candidates », souligne Anushka Virahsawmy.
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