Anna Faith Pachetty : prodige de la gymnastique à 7 ans

La petite gymnaste a brillé lors des Moose Games à Bangkok, en Thaïlande, le 25 mars dernier. Elle était accompagnée des neuf autres participantes de la délégation mauricienne de gymnastique âgées entre 5 et 12 ans. Étant la plus jeune participante du niveau 2 faisant partie du Sr Gymnastics (Rose Hill Champions), Anna Faith Pachetty a remporté une médaille d’or et trois médailles d’argent.

Sept ans seulement, et tout d’une grande. Anna Faith Pachetty a fait la fierté de Maurice aux Moose Games 2023, à Bangkok, en Thaïlande, le 25 mars. L’habitante de Richelieu faisait partie de la délégation mauricienne de gymnastique âgée entre 5 et 12 ans, et a raflé une médaille d’or et trois médailles d’argent. Les Mauriciennes ont remporté au total 32 médailles, 10 d’or, 19 d’argent et 3 de bronze.

Lorsqu’elle est dans la peau d’une gymnaste, c’est une tout autre Anna Faith»

La passion d’Anna Faith Pachetty pour la gymnastique a commencé par sa curiosité pour le ballet. À l’âge de 3 ans, elle regardait déjà des vidéos de ballerines sur YouTube. Sa mère Sandy Pachetty en garde de bons souvenirs. « J’étais moi-même intéressée par le ballet lorsque j’étais enceinte d’Anna Faith. Par coïncidence, à l’âge de 3 ans, elle a commencé à regarder des vidéos de ballet sur YouTube et elle s’amusait à reproduire les pas à la maison », raconte l’enseignante.

À l’âge de 6 ans vient l’heure du choix. Entre le ballet et la gymnastique, le cœur d’Anna Faith Pachetty balance. Sandy lui propose de l’inscrire dans un club, mais elle doit choisir une discipline. La petite se décide : ce sera la gymnastique. Elle intègre alors le club Rose-Hill Champions.

« Quand elle a choisi la gymnastique, j’ai un peu redouté les blessures car cela avait l’air compliqué. Cependant, elle s’amusait déjà à reproduire les figures à la maison, alors j’ai décidé de l’inscrire dans un club afin qu’elle puisse pratiquer en toute sécurité et se défouler », explique Sandy Pachetty. 

Sa rencontre avec le coach la rassure. « D’ailleurs j’ai bien fait de m’entretenir avec lui. Après seulement une semaine au club, elle s’est fracturé le nez en essayant de reproduire des figures qui n’étaient pas encore de son niveau. Une anecdote qui m’a marquée. »   

Cette discipline lui a déjà apporté beaucoup et je suis convaincue qu’elle a la possibilité d’aller beaucoup plus loin»

Anna Faith, qui est enfant unique, fait la fierté de ses parents, Sandy et Princeley Pachetty. L’enseignante n’hésite d’ailleurs pas à faire des sacrifices pour l’accompagner dans sa passion. Elle tient à assister à tous les entraînements qui ont lieu à Flacq et Rose-Hill, encadrés par deux entraîneurs différents, Bhrij Luchmun et Shubham Ramsahye, pendant les week-ends. La petite gymnaste progresse de jour en jour. 

« Il est important pour moi d’assister aux entraînements afin de fournir le meilleur encadrement possible à Anna Faith lorsqu’elle pratique la gymnastique à la maison en semaine. Je pense que ma présence aux entraînements et surtout aux compétitions au niveau local m’a permis d’avoir une meilleure connaissance des exigences de la gymnastique », souligne Sandy Pachetty.

La gymnastique, fait-elle comprendre, est une discipline exigeante qui demande rigueur et concentration, sollicitant tous les membres du corps, de la tête aux pieds. L’alimentation joue aussi un rôle pour renforcer les os et éviter les fractures accidentelles. « Nous misons beaucoup sur l’apport des bonnes sources de calcium comme les produits laitiers dans son alimentation. »

De plus, selon la maman, la communication entre l’entraîneur et les parents contribue à la progression de l’enfant. « D’ailleurs, je profite de cette occasion pour remercier du fond du cœur toute l’équipe qui a accompagné Anna Faith. Sans eux, cette réussite ne serait pas possible. »

Sandy Pachetty s’est envolée pour la Thaïlande le 20 mars dernier pour soutenir sa fille lors de sa toute première participation à une compétition d’envergure internationale. Une expérience riche en émotions, dit-elle. C’est avec la gorge nouée qu’elle revient sur ce moment. « J’ai pleuré de joie. Franchement je dois vous dire que j’étais déjà satisfaite de la première médaille obtenue. Je ne m’y attendais pas du tout. Une médaille d’or et trois d’argent, c’est une consécration pour Anna Faith à un si jeune âge, surtout parmi 1 700 participants de haut niveau considérés comme la crème de la crème au niveau mondial », confie-t-elle. 

C’est une consécration pour Anna Faith parmi 1 700 participants de haut niveau considérés comme la crème de la crème au niveau mondial»

La maman parle même d’une situation « plutôt cocasse ». « Anna Faith a remporté l’or dans l’épreuve qu’elle aime le moins et qu’elle redoutait : le saut de cheval ! Tous ses efforts, toutes ces heures de travail acharné ont porté leurs fruits. Je suis d’autant plus fière sachant que malgré les obstacles, Anna Faith persévère au nom de sa passion. »  

Sabrina Pachetty relate une anecdote particulièrement marquante lors de la préparation aux Moose Games. « En décembre, soit en période d’examens, Anna Faith devait s’entraîner pour la compétition. J’allais la récupérer plus tôt à l’école et elle partait à Flacq les mardis ou jeudis de 16 h 15 à 18 heures. Le soir, on retournait par bus de Flacq à Richelieu. Le lendemain, il y avait école. Mais elle ne se plaignait jamais et a su trouver un équilibre entre l’école et les entraînements. Depuis son jeune âge, elle a su comprendre l’essence du sacrifice pour progresser. »

Anna Faith, poursuit sa maman, ne s’arrête jamais, elle vit pour la gymnastique, peu importe que ce soit une discipline exigeante qui demande persévérance et abnégation. Chaque jour, assure Sandy Pachetty, sa fille renouvelle son engagement à atteindre la perfection. « Elle ne peut se passer de la gymnastique. Pour elle, les quatre heures d’entraînement durant les week-ends ne suffisent pas. Elle est constamment en train de gigoter dans tous les sens, elle ne peut pas tenir en place ne serait-ce qu’une minute ! Tous les jours, après les heures consacrées aux devoirs, elle s’entraîne inlassablement pour perfectionner ses compétences. » 

L’humeur de sa fille dépend de la gymnastique, fait-elle savoir. « Quand je lui dis que je ne pourrais pas la déposer au gymnase, elle n’est pas dans son assiette. En revanche, vendredi, sachant qu’elle aura des sessions d’entraînement durant le week-end, elle est aux anges. Elle se consacre d’ailleurs pleinement à ses devoirs en semaine afin de pouvoir se libérer le week-end. Une fois la porte du gymnase franchie, on la perd complètement ! »

Afin d’aider Anna Faith à améliorer sa souplesse et son maintien, l’intégration du ballet dans son agenda est une option envisageable dans un futur proche, dit la maman. « Nous voulons qu’Anna puisse exploiter son potentiel au maximum. »

D’autant que c’est la gymnastique qui a permis à la petite de sortir de sa bulle. Sandy Pachetty révèle qu’Anna Faith était initialement réservée et avait des problèmes d’adaptation à l’école. « La transition de la maternelle au primaire a été une épreuve difficile pour elle. Toutefois, la gymnastique a tout de suite été sa passion ! Nous avons été surpris de constater qu’elle s’était adaptée aussi rapidement. On dirait presque que c’était une voie toute tracée pour elle », estime-t-elle. 

Depuis qu’elle pratique la gymnastique, les aptitudes sociales d’Anna Faith se sont nettement améliorées, soutient sa maman. « Aujourd’hui, elle n’est plus la petite Anna Faith timide, qui rougissait de honte lorsqu’elle était abordée par quelqu’un. Elle est beaucoup plus bavarde et ça nous fait plaisir ! »

Selon Sandy Pachetty, la gymnastique a apporté à sa fille une confiance en elle extraordinaire. « À chaque performance, je suis remplie de stress mais Anna Faith manifeste une assurance incroyable, surtout lorsqu’il s’agit de l’épreuve de sol, qu’elle adore même en sachant qu’elle est regardée par des gens. Lorsqu’elle est dans la peau d’une gymnaste, c’est une tout autre Anna Faith. »   

C’est la raison pour laquelle, devant la passion dévorante de sa fille, Sandy Pachetty est prête à faire tous les sacrifices pour lui offrir les meilleures opportunités. « Aussi longtemps qu’elle souhaitera faire de la gymnastique, je serai à fond derrière elle. J’estime que cette discipline lui a déjà apporté beaucoup et je suis convaincue qu’elle a la possibilité d’aller beaucoup plus loin. »  

Appel au soutien du gouvernement

Sandy Pachetty constate que la gymnastique n’est pas très connue à Maurice, ce qui pénalise les jeunes espoirs. « En l’absence de soutien du gouvernement, les parents et les entraîneurs s’engagent personnellement à déployer tous les moyens financiers pour répondre aux besoins des clubs de gymnastique au niveau local, y compris pour les déplacements nécessaires pour participer aux compétitions à l’étranger. En tant que parents, nous luttons et faisons des sacrifices afin d’éviter à tout prix que nos enfants ne soient touchés par les fléaux qui gangrènent la société, notamment le fléau de la drogue. Anna Faith est la première enfant de Richelieu à faire de la gymnastique. »

C’est la raison pour laquelle elle lance un appel de soutien au gouvernement. « Nous avons de jeunes espoirs montants de la gymnastique à Maurice, comme en témoignent les 10 médailles d’or remportées par la délégation mauricienne aux Moose Games 2023. Ces enfants font flotter le drapeau mauricien à l’étranger et font la fierté de leur île natale. Toutefois, il est triste de constater un manque de reconnaissance. Le gouvernement a le devoir de mettre les bouchées doubles et d’apporter tout son soutien pour fournir les équipements nécessaires afin que davantage d’enfants puissent se tourner vers un mode de vie sain, comme celui promu par la gymnastique », insiste-t-elle.