Depuis le début de l’année, environ 50 plaintes pour cruauté envers les animaux ont été recensées par la Mauritius Society for Animal Welfare. Les cas de maltraitance animale sont de plus en plus nombreux ces jours-ci. Comment la prévenir ? Tour d’horizon.
Ces héros de la protection animale
Depuis dix ans, sa mission rythme son quotidien : sauver des animaux en détresse et leur trouver un abri rempli d’amour. Abeenesh Mottay a été initié à la cause animale par un ami et est aujourd’hui une figure connue de cette lutte. À ce jour, il a sauvé plus de 5 000 animaux de la rue ou de maîtres abusifs.
L’habitant de Floréal n’hésite pas à sillonner l’île dès qu’un cas de maltraitance est signalé. « Dans un premier temps, en tant que volontaire, j’essaie d’éduquer et de sensibiliser les maîtres sur la façon de mieux s’occuper de leur animal de compagnie. Dans les cas où la situation est critique et représente un danger sérieux pour l’animal, j’offre de les prendre en charge. Car le temps de prévenir les autorités, il sera peut-être trop tard », souligne le trentenaire.
Il déplore l’absence d’un système approprié et moderne pour dénoncer les cas de maltraitance des animaux. « Il est inconcevable qu’en 2023, la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) n’ait pas de moyen de communication moderne pour permettre aux gens d’envoyer des photos ou des vidéos pour signaler des cas de maltraitance d’animaux. Actuellement, lorsqu’une plainte est soumise, il faut attendre deux semaines avant qu’ils ne commencent à enquêter », s’insurge-t-il.
J’ai grandi dans un environnement où les animaux étaient considérés comme des membres à part entière de la famille. Cela m’a sensibilisée à leur bien-être »
Depuis le début de l’année, l’ange gardien des toutous et minous a sauvé plus d’une cinquantaine d’animaux et a contribué à la stérilisation de plus de 110 autres grâce à la seconde campagne de stérilisation qu’il a mise en place. Cela demande beaucoup de travail et d’engagement, indique Abeenesh Mottay. « Chaque année, je me fixe comme objectif d’augmenter le nombre de sauvetages et de stérilisations d’animaux. Je les récupère et les ramène chez moi jusqu’à ce que je leur trouve une famille. Mais c’est un défi quotidien, car cela demande un dévouement sans faille, du temps, de la patience et surtout de l’argent. »
Selon le trentenaire, les dépenses pour prendre soin d’un animal sauvé peuvent atteindre jusqu’à Rs 10 000. « Je n’ai pratiquement pas d’économies. Je dépense mon argent sans hésitation et avec plaisir, afin que mes amis à quatre pattes puissent vivre dans le bonheur. Le sentiment de sauver des animaux en détresse et de leur donner une seconde chance dans la vie n’a pas de prix. Je sais que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les sauver. »
Abeenesh Mottay aspire à changer les choses. Du sauvetage à l’adoption, chaque étape de sa mission est un tremplin pour offrir un environnement plus sain aux animaux. Toutefois, son travail ne s’arrête pas à l’adoption. Avant de confier « ses » animaux à une famille, il s’assure que les critères d’adoption sont remplis à l’aide d’un formulaire avec des procédures strictes qu’il a lui-même établies.
Que contient ce document ? « Pour adopter un chien ou un chat de mon refuge, votre cour doit être clôturée. L’animal ne doit pas être enchaîné en permanence, vous devez stériliser l’animal après six mois et j’exige un droit de visite pour faire un suivi et m’assurer que l’animal est en sécurité. »
Le sentiment de sauver des animaux en détresse et de leur donner une seconde chance dans la vie n’a pas de prix»
Cela fait dix ans également que Sandia Mathoora fait entendre sa voix contre la maltraitance animale. La trentaine est la fondatrice de « Starpets », une entreprise fabriquant des « eco-friendly tags » afin d’aider à améliorer la vie des chiens et des chats, domestiques et errants.
Elle a été exposée au sauvetage des animaux depuis son plus jeune âge. « Les animaux font partie de ma vie depuis mon enfance, grâce aux chiens et chats que ma famille a adoptés ou sauvés. J’ai grandi dans un environnement où les animaux étaient considérés comme des membres à part entière de la famille. Cela m’a sensibilisée à leur bien-être », dit-elle.
Alors collégienne, elle se lance, avec l’aide de sa sœur, le défi de contrôler la population de chiens errants dans le voisinage. « Leur nombre ne cessait d’augmenter. Au fil des années, nous y sommes parvenues grâce à de grands efforts, notamment par la stérilisation, en relâchant les chats adultes et en faisant adopter le maximum de chatons. »
L’adoption des chats, fait-elle comprendre, n’est jamais facile. « Les gens ont tendance à préférer les chiens, c’est pourquoi nous avons fini par adopter plusieurs chats adultes, car ils étaient plus difficiles à faire adopter. »
Parallèlement, elle témoigne, au fil des années, de la souffrance infligée aux animaux par des « maîtres irresponsables » qui les abandonnaient dans des conditions inhumaines. Sandia Mathoora refuse de rester les bras croisés. « J’étais contre le fait que les autorités euthanasient les chiens errants. Et j’estimais aussi que la stérilisation et l’adoption des animaux n’étaient pas suffisants. J’ai alors décidé d’aller plus loin, en proposant des solutions concrètes pour que la loi concernant la protection animale soit amendée. »
Sandia Mathoora participe également à des ateliers, des campagnes de stérilisation et de sensibilisation, ainsi que des journées d’adoption aux côtés d’autres militants de la cause animale. « J’encourage les Mauriciens à aider les ONG qui militent pour la même cause. »
L’apport des réseaux sociaux
Abeenesh Mottay est catégorique : « Aujourd’hui, TikTok est un outil indispensable dans mon combat. Grâce à cette plateforme, j’ai pu faire entendre ma voix, sensibiliser sur le bien-être et la protection des animaux et les étapes à suivre pour que les gens puissent également emboîter le pas, à travers des vidéos et des directs atteignant plus de 100 000 vues. J’arrive également à trouver des familles aimantes pour adopter les animaux en détresse que j’ai sauvés. »
Sandia Mathoora évoque, elle aussi, l’avantage des réseaux sociaux dans le combat qu’elle mène. En ligne avec sa mission, elle y met en œuvre des initiatives individuelles. « J’essaie de trouver des familles d’accueil. À ce jour, j’ai aidé une centaine d’animaux à trouver une nouvelle famille. Je crée aussi des publications pour sensibiliser les gens au bien-être des animaux, y compris aux bienfaits de la stérilisation des chiens et chats, pour les femelles comme pour les mâles, à travers ma page ‘starpets’ sur Facebook et Instagram », explique-t-elle.
Des sanctions plus sévères réclamées
Depuis environ quatre à cinq ans, Sandia Mathoora a renforcé son engagement envers la cause animale. « Je me suis vraiment engagée à militer pour les droits des animaux à Maurice, en vue de mettre fin à l’euthanasie des chiens et chats errants, également appelée ‘Catch and Kill’, pour la remplacer par une méthode plus humaine, notamment le ‘Catch, Neuter, Release’. »
Abeenesh Mottay préconise lui aussi cette méthode, surtout face au phénomène d’abandon des animaux et de l’errance. Il estime que dans un premier temps, un recensement à travers le pays est nécessaire, ce qui permettrait un meilleur contrôle et responsabiliserait les propriétaires. « Sans contrôle, le combat demeure stagnant », insiste-t-il.
Sandia Mathoora, elle, va encore plus loin. « Je milite également pour renforcer et faire appliquer les lois contre la cruauté animale dans notre pays. » La jeune femme est, en effet, en faveur d’un durcissement des sanctions des actes de cruauté aggravés. « Des actes tels que l’abandon, la maltraitance physique (frapper, mutiler, torturer, empoisonner), et qui entraînent la mort de l’animal nécessitent des conséquences plus sévères. »
Citant le récent cas d’un propriétaire qui a battu et pendu sa chienne enceinte, elle dit ne pas comprendre qu’il n’ait écopé que d’une amende de Rs 10 000 et d’une peine de deux semaines de prison. D’autant que selon les nouveaux amendements, l’amende est passée de Rs 15 000 à Rs 500 000 et la peine d’emprisonnement de 6 mois à 10 ans. « Cette sanction n’est ni adéquate ni suffisamment dissuasive. Il est crucial de mettre en place des sanctions plus strictes pour protéger les animaux et leur garantir des conditions de vie décentes. »
Ces animaux sauvés de la cruauté
Abeenesh Mottay a volé au secours de plusieurs chiens au parcours difficile et il les a adoptés. Aujourd’hui, il en possède huit, des témoins vivants de la cause pour laquelle il milite. Sandia Mathoora est, elle aussi, venue en aide à des chiens. Voici l’histoire de quelques-uns d’entre eux.
Charlie, le superdog
Le 13 mars 2017, Charlie est sauvé de la rue à Ollier, Quatre-Bornes. Il n’a alors que 10 jours. « Ses yeux commençaient tout juste à s’ouvrir quand je l’ai découvert au bord de la rue. Ses maîtres l’avaient attaché dans un sac en plastique avec ses frères et sœurs, les laissant à l’abandon près d’une poubelle », raconte Abeenesh Mottay.
Ce jour-là, dit-il, son ami, dont le chien venait de mourir, et lui cherchaient un endroit où l’enterrer. « Tout à coup, on a entendu les aboiements des chiots et en approchant, on a découvert la scène désolante : trois chiots dans un sac en plastique, l’un était déjà mort et des asticots le mangeaient. »
Le jeune homme emmène Charlie et son frère chez le vétérinaire avant de les recueillir. « Tous les jours, je leur donnais du lait au biberon. Malheureusement, deux jours après, le frère de Charlie a succombé. Charlie étant le seul rescapé, j’ai décidé de l’adopter. Il a quelque peu marqué mon parcours. Aujourd’hui, j’ai une relation très spéciale avec lui. »
Oreo, la chienne à trois pattes
Oreo est une miraculée. Et bien qu’elle n’ait que trois pattes, elle vit une vie comblée, remplie d’amour grâce à son ange gardien qui est fou d’elle.
« Lorsqu’on a découvert Oreo, il y a deux ans, on a dû immédiatement l’emmener chez le vétérinaire. Sa patte était complètement fracturée, il a fallu l’amputer. Par la suite, j’ai décidé de l’adopter », dit Abeenesh Mottay.
Cela a été l’une des meilleures décisions de sa vie. « Sa bonne humeur m’apporte une dose de positivité au quotidien. Elle est très rigolote et amicale. Elle ne mord pas, elle aime beaucoup jouer, surtout avec les chiots. Elle est très protectrice. »
Ada, le double d’Oreo
Victime d’une bagarre entre chiens errants, Ada a perdu un oeil. Selon Abeenesh Mottay, Ada et Oreo forment un binôme hors du commun. Complémentaires et fusionnelles, elles sont inséparables !
Anabella, the beauty with brains
Anabella et ses petits ont été sauvés par Abeenesh Mottay en décembre 2019. Ses petits ayant tous trouvé des familles d’accueil, il décide de prendre soin d’elle. Le jeune homme en est fier.
Il vante pleinement les atouts d’Annabella qu’il décrit comme étant courageuse, battante et intelligence au point d’être une petite surdouée. « Elle est non seulement belle comme Blanche-Neige, elle peut également sauter les murs et arriver à repérer des petits coins pour subtilement sortir de la cour. Elle est extrêmement intelligente. Je me dis tout le temps que c’est peut-être parce qu’on l’a découverte au collège
Dr Maurice Curé ! Je ne l’ai jamais dressée et pourtant, elle savait déjà venir s’asseoir au pied. Petit à petit, elle a appris par elle-même », raconte-t-il avec fierté.
Le beau Pirate
En janvier 2019, Sandia Mathoora sauve la vie de Pirate. Des gens avaient jeté de l’acide sur lui pour le repousser. « J’ai été alertée grâce à une publication sur Facebook. Avec l’aide d’un ami, je l’ai accompagné dans son traitement long et douloureux. Nous avons tenté de lui trouver une famille d’accueil mais depuis l’acte de cruauté dont il avait été victime, il ne faisait plus confiance aux humains et avait des troubles de comportement. »
Son ami décide finalement de l’adopter. « Pirate avait appris à lui faire confiance. Aujourd’hui, il se porte bien et recommence à faire confiance aux gens. »
Musafa, le toutou à la belle fourrure
Une autre histoire qui a marqué Sandia Mathoora est celle de Musafa, qui a été sauvé en 2019, à Belle-Rose, avec l’aide des habitants de la localité. « Il avait une énorme blessure à la tête, gravement infectée par des larves de mouches. Il a reçu les premiers soins à temps et a été pris en charge par Pretty Saachi avant d’être adopté par une famille aimante. »
Musafa, dit-elle, avait un propriétaire au moment des faits. « Ce dernier le laissait se promener en public, ce qui est une offense selon la loi. L’irresponsabilité de son propriétaire a conduit Musafa à être impliqué dans une bagarre de chiens lors d’un ‘mariaz lisien’. C’est ainsi qu’il a été blessé. »
Aujourd’hui totalement remis, Musafa profite de sa nouvelle vie heureuse avec sa nouvelle famille.
Jamais sans mon animal de compagnie
Pour de nombreuses personnes, leur animal de compagnie est indispensable à leur vie, tant ils entretiennent une relation fusionnelle et complice. Pour ces maîtres, leurs compagnons à quatre pattes apportent bonheur et joie au quotidien, au point de devenir des membres à part entière de leur famille.
Niveda Moorghen : « Je ne peux imaginer ma vie sans Ella »
La vie sans Ella serait un supplice, confie Niveda Moorghen, 26 ans, de L’Escalier. L’arrivée de sa petite chienne a changé sa vie du jour au lendemain. Elle nous en parle avec des yeux pétillants. « Ella était toute petite quand je l’ai trouvée près d’une rivière. Depuis, elle est devenue ma meilleure amie et mon tout. Ella est une grande source de bonheur pour moi. »
Ella, dit Niveda Moorghen, lui est d’un grand soutien moral. « Pendant les hauts et les bas de la vie, je suis reconnaissante d’avoir mon amie à quatre pattes à mes côtés pour me remonter le moral avec sa nature enjouée. » N’empêche, Ella a parfois aussi été source de stress. « Notamment lorsqu’elle mâchait des paires de chaussures ou qu’elle faisait pipi sur le sol ! »
Sa vie gravite autour d’Ella. « La première chose que je fais le matin après m’être réveillée, c’est de prendre des nouvelles d’Ella et de m’assurer qu’elle se porte bien, car elle dort habituellement dans mon garage à l’extérieur », partage-t-elle.
Elles sont inséparables tout au long de la journée. « Nous prenons le petit-déjeuner ensemble, elle se couche à mes pieds pendant que je travaille. Il n’est pas question qu’elle quitte la pièce si j’y suis. Nous passons toute la journée l’une à côté de l’autre, que ce soit à l’heure du déjeuner ou de l’exercice. » Et c’est tant mieux ainsi, lance Niveda Moorghen.
Et de raconter l’un des meilleurs moments qu’elle ait partagés avec Ella. « Je n’oublierai jamais le jour où je l’ai ramenée de la rivière, où elle vivait seule. Je l’ai tenue dans mes bras comme un bébé et elle n’arrêtait pas de me regarder. Ce moment était si pur. L’instant d’après, elle s’est couchée sur ma poitrine et s’est endormie. Aujourd’hui encore, elle se blottit contre ma poitrine pour s’endormir comme un bébé, même si elle est maintenant plus lourde qu’avant et que cela devient plus difficile. Ce sont des moments privilégiés que nous partageons toutes les deux. »
La peur de perdre Ella est réelle, poursuit Niveda Moorghen. Ce serait, dit-elle, son « pire cauchemar ». Cela a d’ailleurs failli devenir réalité il y a quelques mois, en raison d’une allergie sévère. « Je ne peux imaginer ma vie sans Ella. »
Dylan Olivier Solay : « Marie Sossett et moi sommes inséparables »
Quelques semaines à peine après l’adoption de son chat, qu’il a prénommé Marie Sossett, Dylan Olivier Solay, 22 ans, se considère déjà « parent ». Pourquoi un tel nom ? C’est une anecdote rigolote qui en est à l’origine, répond l’habitant de Mont-Ida.
« La raison pour laquelle je lui ai donné ce nom, c’est parce que ses deux pattes en avant sont blanches alors que tout son corps est noir. Cela ressemble à des chaussettes. Par ailleurs, au départ, je croyais que c’était une femelle d’où le nom Marie », explique-t-il.
Depuis l’arrivée de Marie Sossett, Dylan Olivier Solay se dit comblé. Il est une source de joie et de bien-être inépuisable au quotidien. D’ailleurs, ils ont déjà établi une routine. « Tous les matins, dès que je me réveille, la première chose que je vois, c’est cette petite boule de poils qui dort et ronronne juste à côté de moi. Dès que je sors du lit, je file dans la cuisine pour préparer son “wet food”. Dès qu’il entend le son de son bol, il vient immédiatement me rejoindre », partage-t-il.
Se séparer de son chat est un déchirement quotidien pour Dylan. Il entame ces quelques heures loin son animal de compagnie avec l’anticipation de le rejoindre au plus vite. « Je dois m’absenter pendant quelques heures tous les jours à cause de mes cours, mais dès que je retourne à la maison, c’est la fête ! Je lui fais plein de câlins, plein de petits bisous, des fois j’ai presque envie de le croquer tellement il est mignon. »
Marie Sossett et lui passent beaucoup de temps ensemble vu qu’il est en télétravail. « À chaque fois que je suis derrière mon écran ou en réunion, Marie Sossett n’hésite pas à grimper sur mes genoux pour faire une petite sieste voire miauler, car il veut également participer aux rendez-vous ! » dit-il dans un éclat de rire.
Dylan Olivier Solay se rappelle encore de l’arrivée de Marie Sossett chez lui. « Il était tellement timide et peureux, il ne voulait pas s’approcher de moi et il se cachait dans mes chaussures. Je pense qu’il avait peur. Maintenant, on est inséparables. Il me suit peu importe là où je vais, que ce soit pour aller prendre une douche ou préparer à manger, il est toujours près de moi. Même la nuit, lorsque je me lève pour me rendre aux toilettes, il me suit ! »
Cheriena Bhurut : « Nous sommes la famille de TiPoum »
Au sein de la famille Bhurut, les matins sont difficiles. TiPoum n’est, en effet, pas vraiment du matin. Alors, elle a besoin de câlins, de beaucoup de câlins, confie sa « sœur » Cheriena Bhurut. Car chez les Bhurut, TiPoum est un membre de la famille à part entière, voire sans doute le plus gâté.
« Il a été établi que nos parents sont les parents de TiPoum. Et elle y croit fermement. Elle est très jalouse quand nous sommes affectueux avec nos parents », partage-t-elle avec amusement.
Reste que TiPoum est le cœur de la famille Bhurut. « TiPoum, c’est notre vie, notre tout ! Nous ne sommes pas les maîtres, mais la famille de TiPoum. Sa bonne humeur est contagieuse. Tout le monde doit lui faire un bisou avant de sortir de la maison. C’est non-négociable », dit l’habitante de Rose-Hill âgée de 26 ans.
Et TiPoum le leur rend bien. À leur retour du travail, celle-ci est fidèle au poste, à la porte, pour les accueillir chaleureusement avec des pleurs de joie. « Elle est souvent triste quand on n’est pas là. De ce fait, à notre retour, c’est la fête ! »
Reconnaître les signes de maltraitance pour mieux dénoncer
Comment reconnaître les signes de la maltraitance animale et venir en aide aux animaux en détresse ? Les explications du Dr Priya Ragoonath, vétérinaire spécialiste en épidémiologie et santé publique.
Comment savoir qu’un animal est maltraité ? Y a-t-il des signes avant-coureurs ?
Alors que l’acte de violence direct est la forme la plus évidente de maltraitance envers les animaux, la négligence est le type de maltraitance le plus courant. Voici quelques signes qui peuvent mettre la puce à l’oreille :
- Le collier est serré ou incrusté dans la peau autour du cou.
- Plaies ouvertes non traitées.
- De nombreux signes d’anciennes blessures non soignées.
- Apparence émaciée.
- L’incapacité de se tenir debout ou de marcher normalement, y compris boiterie ou faiblesse.
- Une personne frappant ou maltraitant physiquement un animal.
- Absence d’abri adéquat par mauvais temps.
- Les animaux de compagnie sont gardés dans des zones parsemées d’excréments, d’ordures, de verre brisé ou d’autres objets qui pourraient leur faire du mal.
- Les animaux sont hébergés dans un chenil ou une cage qui ne leur permet pas de se tenir debout, de se retourner ou tout autre mouvement normal ou sont gardés avec trop d’animaux où leurs mouvements sont limités.
- Aboiements ou gémissements excessifs. Certains aboiements ou gémissements sont normaux, mais s’ils sont incessants et durent plus d’une journée, cela pourrait indiquer que leurs besoins ne sont pas satisfaits.
Quelles sont les conséquences de la maltraitance animale ?
Au premier abord, des séquelles physiques peuvent être observées à travers une certaine vulnérabilité qui se manifeste sous plusieurs formes. Par exemple, l’animal peut se rouler sur le dos, avoir la queue repliée ou souffrir d’incontinence urinaire.
Par ailleurs, les conséquences de la maltraitance animale peuvent se manifester par un changement comportemental, notamment de l’agressivité et des gémissements non provoqués. Dans certains cas, l’animal évitera tout contact physique. Chez les animaux maltraités, on constate souvent des sursauts au contact humain ou des tentatives de mordre ou de griffer lorsqu’ils sont caressés.
Que faire en cas de maltraitance animale ? Qui contacter ?
Si vous voyez un animal en détresse, ne présumez pas que quelqu’un d’autre s’occupera de la situation. Les animaux ne peuvent pas parler pour eux-mêmes, c’est à vous de parler pour eux. Si vous êtes témoin d’une quelconque violence contre un animal ou si vous soupçonnez une maltraitance, il est indispensable de contacter la police, l’Animal Welfare Unit ainsi que la MSAW.
Rapportez autant de détails que possible sur la situation : lieu, date, heure, description des personnes et des animaux impliqués. Des documents vidéo et photos peuvent être utilisés comme preuves à l’appui.
La pire chose que vous puissiez faire si vous êtes témoin ou suspectez de la cruauté ou de la négligence envers les animaux, c’est de ne rien faire. Soyez la voix de cet animal et sortez-le immédiatement de sa situation abusive. Si vous devez faire plusieurs rapports, n’hésitez pas à le faire !
Comment encourager les gens à mieux traiter, voire devenir des protecteurs des animaux ?
Apprenez à vos enfants à respecter les animaux. Donnez le bon exemple en étant respectueux envers les animaux. Montrez aux enfants comment traiter les animaux avec amour et considération. Aidez-les à grandir pour devenir la prochaine génération de défenseurs des animaux.
Aidez un animal dans le besoin. Vous pouvez être la personne dont un animal a besoin. Un animal qui a été maltraité a besoin de soutien, parfois immédiatement. Vous pouvez faire une réelle différence en sortant un animal d’une situation dangereuse.
La négligence des animaux peut être étroitement liée à la violence domestique. C’est souvent le cas. En suivant vos doutes, vous pouvez également aider à la fois l’animal dans le besoin et la famille concernée.
Éduquez les gens autour de vous sur la question. Aidez les gens à comprendre qu’ils peuvent intervenir dans des situations où les animaux sont négligés ou même tourmentés. Les animaux ont le droit de vivre sans peur ni douleur, et nous avons la responsabilité d’intervenir si leurs droits ne sont pas respectés.
Proposez de l’aide aux personnes dépassées par leur animal. Les animaux ne sont pas forcément délaissés par manque d’amour. Un propriétaire peut ne pas avoir les ressources nécessaires pour fournir à un animal les soins appropriés. Quelles que soient les raisons, un animal affecté doit être retiré d’un lieu de négligence et recevoir les soins dont il a besoin pour vivre et prospérer. Toute aide que vous apportez à un animal peut aussi aider un humain.
Il faut aussi des lois plus strictes pour la protection et pour le bien-être des animaux et des peines plus sévères réduiront le nombre de cas de cruauté.
Comment bien prendre soin de son animal de compagnie ?
Les animaux de compagnie ont besoin d’une alimentation saine. Donnez-leur un accès 24/7 à de l’eau potable fraîche. Tout comme les êtres humains, les animaux de compagnie ont besoin d’un accès facile à l’eau pour survivre. Cela gardera votre animal au frais, hydraté et en bonne santé. En sus, il faut lui fournir un abri sûr et confortable.
Par ailleurs, assurez-vous de garder vos chats à l’abri à l’intérieur de la maison pour leur propre sécurité car les voitures, les chiens agressifs et les prédateurs sont une menace permanente pour eux.
Assurez-vous que votre chien est micropucé, que la micropuce est enregistrée et que vos coordonnées sont à jour. C’est aussi une bonne idée d’enregistrer votre animal auprès de la MSAW.
Les animaux de compagnie ont besoin d’être protégés des températures extrêmement chaudes et froides et d’autres conditions météorologiques extrêmes et ne devraient pas vivre exclusivement à l’extérieur.
Les animaux domestiques doivent aller régulièrement aux toilettes.
Peu importe où se trouve la salle de bains de votre animal, assurez-vous de la nettoyer régulièrement. Le respect d’une hygiène et d’un assainissement appropriés empêchera la saleté et les bactéries de s’accumuler et contribuera à protéger la santé de votre animal et la vôtre. Vos animaux de compagnie apprécieront également d’avoir un espace propre pour faire leurs besoins !
Assurez-vous que votre animal fait régulièrement de l’exercice. Cela est compris dans les soins appropriés pour les animaux de compagnie. L’exercice est un élément important de la santé mentale et physique de votre animal.
Les animaux domestiques ont besoin de visites régulières chez le vétérinaire. Emmenez votre animal chez le vétérinaire une à deux fois par an pour vous assurer qu’il est en bonne santé.
Questions à... Ibrahim Koodoruth, sociologue : « La maltraitance animale peut être associée à la violence domestique »
Quels sont les facteurs qui contribuent à la maltraitance animale ?
La maltraitance animale est largement liée à un manque d’éducation civique. Malheureusement, au fil des années, la disparition des valeurs a entraîné un manque de civisme et de respect envers l’environnement, la nature, les animaux et même les êtres humains. Bien que l’errance animale ait toujours été un fléau, l’attitude envers eux a changé en raison de la disparition de ces valeurs. Par exemple, il y avait autrefois une certaine empathie qui poussait à donner de la nourriture aux animaux, mais ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui.
Par ailleurs, de nos jours, de plus en plus de personnes expriment leur frustration à travers la violence envers les animaux. Par exemple, si vous avez eu un différend ou une mauvaise relation avec votre voisin, il se peut que vous maltraitiez son chien. Ou encore, si vous êtes en colère ou dépassé par votre animal de compagnie, plutôt que de régler le problème à la source, vous pourriez lui infliger de la souffrance.
Et dernièrement, le facteur financier entre en jeu. Souvent, les gens adoptent un animal de compagnie jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus s’en occuper faute de moyens financiers suffisants. Par conséquent, l’animal est maltraité ou négligé au point où, lorsqu’il en a l’occasion, il s’enfuit.
La maltraitance animale est-elle associée à d’autres formes de violence, comme la violence domestique ?
En effet, il peut y avoir une association entre la maltraitance animale et la violence domestique. Lorsqu’un conflit survient entre partenaires, il est possible que l’un des membres cherche à infliger de la souffrance à l’autre en s’en prenant à quelque chose qui lui est cher, comme un animal de compagnie.
Quels sont les impacts psychologiques de la maltraitance non seulement sur les animaux, mais aussi sur les personnes qui les maltraitent ?
En général, les auteurs de ces actes de cruauté animale sont insensibles et ne sont pas conscients de la douleur infligée à l’animal. Pour eux, l’acte est simplement un moyen d’exprimer leur colère et leur frustration, un défoulement en quelque sorte. Dans la plupart des cas, ils ne ressentent aucun remords.
Comment les organisations de protection animale peuvent-elles aider les personnes qui ont des comportements maltraitants envers les animaux à changer ?
La clé pour aider ces personnes à changer leur comportement est de leur fournir des informations sur la manière de bien traiter leur animal de compagnie. Les programmes de sensibilisation sont essentiels pour éduquer ces individus, que ce soit à travers les médias ou d’autres moyens, afin de leur expliquer comment prévenir les cas de maltraitance animale et leur fournir des informations sur les facilités disponibles s’ils ne peuvent plus s’occuper de leur animal. Les maîtres doivent être informés de l’existence des refuges pour animaux et savoir où se diriger en cas de problème.
Question controversée : le propriétaire d’un animal devrait-il être « évalué » avant de pouvoir en posséder ?
Non. C’est un peu trop tiré par les cheveux. Il est fort probable qu’au moment de l’évaluation, la personne ne soit pas en possession des informations sur comment élever un animal. De facto, nous privons instantanément la personne de la possibilité d’adopter un animal. L’éducation est la meilleure façon de mieux sensibiliser.
Ce que dit la loi
Pour bien comprendre les lois visant à protéger les animaux contre toutes les formes de maltraitance, Me Somand Kumar Adheen souligne qu’il est primordial de connaître la définition de la maltraitance selon l’article 3 de l’Animal Welfare Act. « Selon cette loi, la cruauté envers les animaux englobe le fait de les soumettre à la torture, la détresse, la douleur et la souffrance. Si vous êtes propriétaire d’un animal et que vous ne lui fournissez pas de nourriture, d’eau et d’abri adéquat, ou que vous lui donnez un médicament ou une substance nuisible, vous commettez une infraction. »
Selon la loi, ajoute-t-il, « si vous transportez un animal d’une manière ou dans une position qui lui cause de l’angoisse, de la douleur ou de la souffrance, cela constitue un acte de cruauté envers l’animal ».
L’avocat attire aussi l’attention sur les critères à respecter concernant les animaux enchaînés ou en cage. « Selon la loi, si un propriétaire maintient son animal dans une cage ou une structure trop petite, sans lui permettre de se déplacer naturellement, cela constitue une infraction. De même, les animaux enchaînés doivent être maintenus dans des conditions appropriées, avec une chaîne ni trop courte ni trop lourde. Attacher des entraves aux pattes est également interdit. »
Il convient de souligner, poursuit Me Somand Kumar Adheen, que toute participation à une activité qui contribue à causer ou permettre ce type de mauvais traitements envers les animaux est répréhensible par la loi.
L’abandon d’un animal
L’abandon d’un animal est également couvert par la loi. En effet, selon celle-ci, toute personne qui laisse intentionnellement ou par négligence un animal sous son contrôle errer dans des situations qui lui causent du stress, de la douleur ou de la souffrance ou qui l’exposent à des maladies, peut se voir infliger une amende ne dépassant pas Rs 15 000 ainsi qu’une peine d’emprisonnement de six mois maximum.
Critères d’élevage
Une personne n’a pas le droit de faire reproduire ou de permettre la reproduction de chiens classés dans la quatrième annexe de la loi sur la protection des animaux. Dans ce cas, il est interdit de faire la publicité ou de présenter un chien dans le but de le vendre ou de l’échanger.
Quelles sont les procédures à suivre pour l’élevage ? Si une personne souhaite élever un ou plusieurs chiens à des fins de reproduction et qu’ils sont classés dans la quatrième annexe de la loi sur la protection des animaux, elle doit demander une licence d’éleveur de chiens.
Toute personne ne respectant pas ces critères est passible d’une amende ne dépassant pas Rs 50 000 et d’une peine de prison de pas plus de deux ans.
Le rôle de la MSAW
En vertu de l’article 12 de l’Animal Welfare Act, la MSAW est une organisation chargée de promouvoir le bien-être et le traitement approprié des animaux, ainsi que de prévenir la cruauté envers les animaux. Si vous êtes témoin d’un cas de maltraitance animale, vous pouvez le signaler en ligne ou par téléphone. Conformément à leur politique de traitement des plaintes, toutes les informations fournies resteront confidentielles et seront traitées uniquement par la MSAW et ses partenaires affiliés.
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