Comptable et poète, Angkush Poonye raconte à Le Dimanche/L’Hebdo son parcours inspirant. Le jeune homme de 29 ans a su trouver un équilibre entre sa carrière de comptable et sa créativité artistique.
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Les chiffres, froids et calculés, et la poésie, chaleureuse et inspirée : un mariage des contraires qui pourrait sembler improbable. Et pourtant, Angkush Poonye, 29 ans, comptable le jour et poète la nuit, est un alchimiste, qui a su trouver la formule parfaite. Dans un monde où la spécialisation semble être la norme, cet habitant de Roches-Brunes démontre que nous pouvons exceller dans des domaines qui semblent diamétralement opposés.
« Certains aiment chanter, d’autres aiment peindre, et moi, j’aime écrire », dit le jeune homme. Pourquoi la poésie ? Angkush Poonye répond que la poésie est, pour lui, une façon privilégiée d’exprimer ses émotions. C’est durant l’adolescence qu’il s’est découvert cette passion. « Exprimer ses idées, opinions et pensées n’est pas forcément très facile pendant l’adolescence. La poésie m’a aidé à écrire sur des sujets qui m’inspirent », raconte-t-il.
Un de ces sujets est l’unité des Mauriciens. À la fin de ce mois d’août, Angkush Poonye, qui travaille pour une compagnie offshore, présentera son nouveau recueil, intitulé « As One People, As One Nation », à la salle de conférence de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill. Ce livre, soutenu par une subvention d’une institution africaine obtenue en 2023, célèbre l’unité mauricienne face aux défis historiques, rendant hommage aux valeurs de solidarité.
Pourquoi ce thème ? « J’ai décidé d’écrire un recueil de poésie sur les nombreuses fois où les Mauriciens se sont unis face aux obstacles qui ont défié notre île », dit-il. Les poèmes qui y sont compilés rendent hommage à des événements qui resteront gravés dans l’histoire de notre île, où les Mauriciens ont triomphé sous les couleurs rouge, bleu, jaune et vert du drapeau national.
Le monde d’aujourd’hui est frappé par des conflits et des guerres au sein de communautés multiculturelles, dit le jeune homme. Il estime que Maurice sert d’exemple idéal d’une solidarité ancrée en chacun, dès notre plus jeune âge. « En tant que Mauriciens, la solidarité dans la diversité nous est inculquée dès le premier jour d’école, et cette valeur continue de maintenir notre peuple fermement uni », affirme-t-il. Pour lui, il ne fait aucun doute que Maurice a brillé et continuera de briller grâce à nos racines multiethniques qui nous rapprochent plutôt qu’elles nous divisent.
Angkush Poonye se dit également convaincu que les générations montantes doivent être éduquées pour s’assurer que le progrès de notre île repose sur notre capacité à surmonter les défis en tant qu’un peuple et une nation unis. Ainsi, à travers ses poèmes, il écrit sur son île natale de manière à ce que son œuvre reste utile et pertinente au fil des années. « Les livres peuvent aider à inspirer et à éduquer notre jeunesse sur l’importance du mauricianisme », pense-t-il.
Que de chemin parcouru depuis son premier poème publié dans un journal alors qu’il n’avait que 16 ans. Pour le School Certificate, relate-t-il, il avait opté pour la littérature anglaise en complément de ses études en comptabilité. « La plupart de mes amis proches avaient choisi des matières liées au commerce. Cependant, en plus de choisir la comptabilité et l’économie, je voulais également étudier la littérature anglaise », indique-t-il.
Angkush Poonye commence à publier ses poèmes en ligne sur plusieurs plateformes comme Savvy Authors, Elephant Journal et Voices of Youth, etc. « Même si je n’ai pas choisi la littérature anglaise pour mes études supérieures, ma passion pour la poésie n’a jamais diminué. En fait, cela m’a donné l’occasion de participer à plusieurs concours de poésie et de rédaction que j’ai d’ailleurs remportés », soutient le jeune homme.
En 2018, il a reçu une subvention du National Arts Fund dans la catégorie « Emerging Talent ». Cela a représenté une opportunité majeure pour lui de publier ses poèmes et de toucher un public plus large. « J’ai finalement décidé d’écrire un petit recueil de poésie intitulé ‘The Aapravasi’s Legacy’ sur le thème des travailleurs engagés à Maurice. »
Ce recueil contient dix poèmes qui narrent le parcours d’un travailleur engagé (Aapravasi) venu d’Inde dans les années 1800. Ils dépeignent les luttes et les moments de bonheur d’un simple travailleur engagé qui a accepté de quitter sa patrie bien-aimée pour progresser sur notre petite île. « Ce recueil de poésie sert de rappel à tous les Mauriciens des moments difficiles que nos ancêtres ont traversés pour faire prospérer notre île, permettant ainsi aux nouvelles générations de connaître le travail acharné de nos aïeux », explique-t-il. Il souhaite que ses poèmes puissent également inspirer les jeunes générations à mieux comprendre l’histoire de notre île et l’héritage laissé par nos arrière-grands-parents.
« La publication de ce premier livre a renforcé ma conviction qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme en littérature anglaise ou en anglais pour cultiver une passion pour l’écriture. Cela a également renforcé ma confiance en mon talent pour la poésie », affirme l’auteur.
N’ayant pas vraiment étudié les styles de poésie, Angkush Poonye reconnaît qu’il n’a pas de style spécifique. Il écrit sur des thèmes qui l’inspirent. « Mes poèmes peuvent se rapporter à des choses simples comme un jour de pluie, ou à des événements plus importants comme mon pays atteignant un jalon historique, etc. »
La musique et les moments de calme l’aident à trouver l’inspiration. « Je ne me préoccupe pas du rythme ou du son dans mes vers poétiques. Je me concentre sur les émotions que je souhaite transmettre », dit-il. Cette liberté lui permet ainsi d’explorer des thèmes variés, allant des événements quotidiens aux moments historiques significatifs, tout en restant fidèle à ses inspirations personnelles.
Son message aux jeunes
En tant que jeune comptable-poète, Angkush Poonye pense qu’il est essentiel d’explorer diverses passions et d’être ouvert à l’apprentissage continu. Il encourage les jeunes à ne pas limiter leur potentiel et à poursuivre leurs rêves avec persévérance et humilité. Selon lui, la persévérance, la curiosité et l’ouverture d’esprit sont des qualités essentielles pour se dépasser et réussir dans divers domaines : « En explorant différentes passions et en étant prêt à apprendre et à évoluer, vous pouvez trouver votre propre voie et contribuer positivement à la société. »
Chronologie de ses succès
- 2016 : Premier prix du concours de rédaction (Anniversaire des 125 ans de la naissance du Dr Ambedkar) organisé par le Nelson Mandela Centre for African Culture Mauritius et l’Indira Gandhi Centre for Indian Culture.
- 2017 : Finaliste du concours mondial multimédia pour la jeunesse du Club UNESCO. Il avait soumis un poème pour sensibiliser à la montée de l’islamophobie et à la crise des réfugiés.
- 2020 : Premier prix du concours de rédaction sur le thème de la COVID-19 à Maurice, organisé par la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill.
- 2021 : Sélection et publication de son court récit (livre électronique) sur le thème de la COVID-19 sur le site du ministère des Arts et du patrimoine culturel.
En aparté : Un homme aux multiples facettes
Fils d’un père retraité et d’une mère fonctionnaire, Angkush Poonye a un frère qui travaille également dans le secteur public. C’est au John Kennedy College qu’il fait ses études secondaires. Classé parmi les 500 premiers sur la liste des boursiers de la cuvée 2013 pour le Higher School Certificate, il poursuit un Bachelor of Commerce (Accounting & Finance) à l’Université Curtin de 2015 à 2017. En 2021, il décroche un Master en Business Administration avec distinction de l’Université Anglia Ruskin.
Il travaillera pendant trois ans dans une société offshore en tant qu’assistant financier de 2018 à 2021. Après la fermeture du département où il exerçait en 2021, Angkush Poonye a l’opportunité de travailler comme enseignant en comptabilité au collège du Saint-Esprit. « J’ai toujours été passionné par l’enseignement, que je considère comme l’un des métiers les plus nobles, même dans le monde moderne », confie-t-il.
Pendant son passage au collège du Saint-Esprit, il termine en parallèle ses études professionnelles en comptabilité, notamment l’ACCA (Association of Certified Chartered Accountants). « J’ai réussi tous les examens de niveau 3 de l’ACCA dès ma première tentative, et j’ai été classé premier au niveau national dans les matières Strategic Business Leader (2022) et Advanced Performance Management (2023) », indique-t-il.
En février 2024, Angkush Poonye devient membre de l’ACCA. Après avoir obtenu son accréditation, il retourne dans le secteur offshore en tant que comptable. Depuis tout jeune, dit-il, il voulait connaître le monde des affaires. C’est ce qui l’a poussé à choisir la comptabilité comme carrière, sans pour autant abandonner sa passion pour la poésie.
Dans son temps libre, Angkush Poonye aime regarder des documentaires. Cette année, il a également commencé à pratiquer le yoga. « Je prends des cours deux fois par semaine. Cela m’aide dans mon développement personnel », dit-il. Ainsi, à travers son exemple, il nous montre que cultiver plusieurs intérêts peut mener à une vie plus épanouissante et inspirante.
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