Le taux de chômage est passé de 6,8 % en 2022 à 6,1 % en 2023. Pour cette année, le ministère des Finances table sur un taux inférieur à 6 %. Quel devrait être le taux de chômage selon vous ?
Généralement, le niveau auquel le chômage équivaut à un niveau de production économique positive (la croissance du Produit intérieur brut – PIB) est considéré comme optimal. C’est-à-dire que le taux de chômage devrait être aussi proche que du taux de croissance du PIB. À mesure que le taux de chômage descend en dessous de 5 %, l’économie devrait théoriquement se rapprocher de sa pleine capacité.
Cependant, il est important d’extrapoler une moyenne sur une période de trois à cinq ans, voire sur une période de 10 ans, pour que certaines analyses lissent la cyclicité annuelle (à court terme). Une économie n’est pas une bête statique et il faut comprendre si certains cycles de chômage sont de nature cyclique, saisonnière, structurelle ou frictionnelle. En conclusion, nous pensons qu’un taux de chômage moyen à Maurice de 4 % sur une période de 10 ans devrait constituer une fourchette théoriquement idéale.
Le plein-emploi est défini comme une situation où le taux de chômage est autour de 3 %. Peut-on espérer arriver à une telle situation ? Si oui, comment ?
Le plein-emploi et/ou les taux de chômage optimaux, réitérons-le encore une fois, doivent être comparés au taux de production économique du pays sous-jacent. À des fins d’illustration, considérons une économie qui connaît une croissance constante, disons en moyenne de 10 %. Son taux de chômage optimal sur la période correspondante serait raisonnable, en moyenne autour de 10 % et non de 3 % (très improbable) et vice versa. Tant que le taux de chômage est plus proche du taux de production économique d’un pays, l’optimisation socio-économique devrait prévaloir.
Chez ANNEAU, nous avons la ferme conviction qu’avec une structure socio-économique intelligente et pertinente, Maurice peut atteindre le plein-emploi. Pour que cela se produise, notre économie doit faire sa transition vers un modèle économique fonctionnant 24 heures sur 24, sept jours sur sept, comme fondement sous-jacent.
Cela augmentera probablement notre main-d’œuvre et notre population d’environ +75 % et son effet multiplicateur sur la prospérité socio-économique pourrait être très important de manière inclusive (essentiel). Mais ce n’est pas un exercice facile. Cela nécessite une approche à très long terme, comme base de la planification et de l’élaboration des politiques publiques/privées.
Il y a un paradoxe sur le marché de l’emploi. D’un côté, les entreprises sont prêtes à recruter. De l’autre, il n’y a pas suffisamment de main-d’œuvre pour combler ces postes. De même, le pays est confronté à un certain exode des talents. Vos commentaires ?
Nous pensons qu’il s’agit de changements et de cycles naturels alors que notre petite économie mûrit et stagne (pleine capacité, ceteris paribus). Ils créent, comme dans tout autre cycle, leurs propres défis et opportunités génétiques. Honnêtement, nous préférerions avoir une situation dans laquelle une économie se développe et est confrontée à des problèmes de déficit d’emploi plutôt que le contraire ; offre excédentaire de main-d’œuvre, évidemment sans alléger le problème de la fuite des cerveaux (qui tend à être psycho-socio-économique et cyclique).
À mesure que l’économie connaît une croissance durable, nous allons probablement accroître le besoin de main-d’œuvre étrangère. Nous réaffirmons que ce pays s’est historiquement presque toujours « bâti sur la main-d’œuvre étrangère » et qu’il ne faut pas trop se méfier de ce phénomène. Cette situation reste un « bon problème à avoir ».
Que recommandez-vous pour inverser le paradoxe ?
Eh bien, ce n’est pas toute la tendance qu’il faut inverser ! Si nous nous engageons véritablement dans des changements socio-économiques structurels, nous aurons besoin de plus d’œuvres étrangères (environ 500 000 autres). Ce qu’il faut inverser, c’est la fuite des cerveaux, car l’impact psycho-sociologique, dans son essence et dans la durée, se fera finalement sentir sur le patriotisme mauricien ! C’est là le mal !
Pour que cela se produise, il faut créer davantage d’innovation et d’opportunités, mais aussi améliorer la qualité et le niveau de vie, en faisant entrer véritablement le pays dans le XXIe siècle grâce à des réformes socio-économiques progressistes, dont la laïcité (et donc, entre autres, la séparation de l’État et les dogmes religieux) ; est un élément fondamental. Pour n’importe quel pays, l’émigration des cerveaux est un phénomène naturel car l’humanité a toujours été ancrée dans le besoin inhérent d’explorer ; de pâturages plus verts.
Ce n’est pas le problème. Leur quantum, dans des cycles spécifiques, l’est. En conclusion, « plus les pâturages de notre jardin d’Éden mauricien deviennent verts et ensoleillés, plus il est probable que notre peuple veuille rester, s’épanouir et prospérer, vice versa ».
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