Face au mode confusion adopté par les leaders des deux « major partners » du jour, Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam, il ne fait pas bon d’être « minor partners ». Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo tenteront de sécuriser leurs places dans une alliance pré ou post-électorale.
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Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth semblent prendre un malin plaisir à laisser Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo se battre entre eux avant d’annoncer leur choix d’alliance. La compétition entre les « minor partners » pour séduire les « major partners » du jour s’annonce féroce. On doit s’attendre à tout : croc-en-jambe, dénigrement, coups bas, insultes et ainsi de suite. Déjà, les premiers coups de griffes sont saignants.
L’agenda mauve
En politique à Maurice, il ne faut jamais dire jamais. Tout peut arriver en un clin d’œil. L’histoire est féconde en revirement de situation. Le plus marquant est la décision du Mouvement militant mauricien (MMM) de se défaire du Remake 2000 pour s’allier avec le Part travailliste (PTr) après que Paul Bérenger ait convaincu sir Anerood Jugnauth de quitter la State House pour faire son comeback politique. Malgré tous leurs différends ainsi que les récents cas de « poaching », on ne doit pas « write off » une alliance entre le MMM et le Mouvement socialiste militant (MSM). Au nom du pouvoir, tout est possible.
Cependant, valeur du jour, Paul Bérenger privilégie une lutte à trois et une alliance post-électorale surtout avec le PTr. Depuis quelques semaines, un « agwa » patenté fait le pont entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. Comme toujours, Paul Bérenger qui ne peut cacher le fond de sa pensée, en a donné une indication, samedi lors de la conférence de presse hebdomadaire du MMM. Il a lancé un défi à Navin Ramgoolam de se présenter seul aux prochaines élections. « Que le PTr ait le courage, comme le MMM, de se présenter seul aux prochaines élections », a-t-il dit. Clairement, il cherche à court-circuiter les pourparlers entre le PTr et le PMSD. Et déjà, il évoque une éventuelle « alliance galimatia entre le MSM, le ML, le PMSD, Obeegadoo, Ramano et les pseudo-démissionnaires du MMM. » C’est de bonne guerre !
Les griffes de Collendaveloo
La recomposition de l’Alliance Lepep avec un éventuel comeback du PMSD, ne semble pas enthousiasmer Ivan Collendavelloo, le leader du ML. D’ailleurs, pour que cela soit un mort-né, il s’engage dans une campagne de dénigrement du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), en le qualifiant, d’abord de petit parti. Pas plus tard que jeudi, il repousse toute possibilité d’alliance avec le PMSD en évaluant les Bleus comme étant « un peu bête ». Ivan Collendavelloo est allé très loin : « Mo pas mind koz avek ki ke se swa, me pa dan le kad enn lalians. Mo ena bann bon kamarad dan PMSD, zot impe bet, me pa fer nanie. Se pa sa mo problem, zot pena enn gran refleksion lor bann oriantasion politik nou pei, e se sa ki separ nou. Enn kote le mank de vizion ki sa parti la ena, ek nou ki ena enn vizion pou nou pei. Me se mo lopiyon biensir. Mo sipoze bann PMSD pou dir mem soz lor mwa. » Mais le MSM n’a pas encore dit son dernier mot.
Dindon de la farce
Et le PMSD dans tout cela ? Face à la posture du MMM, les coqs bleus appréhendent d’être « le dindon de la farce » du « roi lion » pour une troisième fois. En 1994, alors qu’il négociait sa première alliance avec le MMM de Paul Bérenger, Navin Ramgoolam avait maintenu le leader d’alors du PMSD, sir Gaëtan Duval, en mode attente, avant de le lâcher. Le jeune leader du PTr s’est même permis d’ignorer l’ultimatum du vétéran SGD.
Vingt ans après, en 2014, Navin Ramgoolam avait adopté la même stratégie de black-out sur les Bleus pendant qu’il négociait l’alliance avec les Mauves. Xavier-Luc Duval a dû se séparer du PTr sur la pointe des pieds. Comme un chat, le leader du PMSD est retombé sur ses pattes fortuitement dans l’Alliance Lepep avec le MSM et le ML. Cinq ans après, en 2019, Navin Ramgoolam joue encore et toujours sur le registre de la confusion. Bien qu’une ligne de communication soit active avec le PMSD, Navin Ramgoolam ne cesse de ressasser que le PTr ira seul aux prochaines élections.
Toutefois, les Bleus tentent de faire entendre raison à Navin Ramgoolam en jouant sur la fibre émotionnelle. Vendredi, après le jugement de la Cour intermédiaire, Adrien Duval a fait un parallèle entre celui-ci et la décision du PMSD de quitter le gouvernement. « Le PMSD a sauvé la démocratie en enlevant la majorité de trois-quarts au gouvernement qui aurait suffi pour voter la loi sur la commission, en vue de revoir les pouvoirs du Director of Public Prosecutions. Il est clair qu’aujourd’hui celui-ci n’est pas un monstre constitutionnel comme voulait le disait le gouvernement », a-t-il déclaré.
Une éclaircie est attendue après la dissolution de l’Assemblée nationale. Des alliances vont sûrement être contractées pour accroître les chances de demeurer ou de retourner au pouvoir. Entre-temps, les « minor partners » resteront agités.
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