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Ajay Beedassee, président des SME Chambers : «un coût financier trop élevé signera la mort des PME»

Ajay Beedassee, président des SME Chambers, estime que toute hausse inconsidérée des salaires mettrait en péril l’existence des petites et moyennes entreprises. 

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La hausse du salaire minimum sera suivie pour des ajustements pour rétablir l’équilibre salarial et le rapport sera publié incessamment. Quel est votre état d’esprit?

Je ne vous cache pas mon appréhension, car toute hausse de salaire influe directement sur le coût de production. Ce qui nous contraint à revoir nos prix à la hausse sur le marché international. Et évidemment, nos produits perdent leur compétitivité face à nos concurrents. Ce qui peut mener à une baisse au niveau des commandes. Certes, comme c’était le cas lors de la hausse du salaire minimum, le gouvernement pourrait soutenir financièrement les petites entreprises qui n’ont pas la capacité de payer une hausse salariale. Mais ce sont des solutions à court terme. Ce qui nous préoccupe, c’est le long terme. Pendant combien de temps encore, le gouvernement va-t-il assurer la hausse du salaire minimum et probablement les ajustements salariaux ? 

Et si jamais on aligne les salaires du secteur privé sur les salaires du secteur public…

Ce sera la disparition pure et simple non seulement des petites et moyennes entreprises, mais de plusieurs compagnies privées, car le coût financier sera très élevé.

Comment évaluez-vous la situation des petites et moyennes entreprises ?

Pour être honnête, je dirais que si certaines entreprises arrivent tant bien que mal à s’en sortir, la majorité est en butte à de grosses difficultés hélas ! C’est en grande partie à cause de la décision de l’Afrique du Sud, qui est un de nos principaux marchés, de réduire ses importations pour protéger son marché local. Ce qui affecte particulièrement les petites et moyennes entreprises exportatrices. Certaines ont vu leurs carnets de commandes réduits de 90 %. 

Une hausse des salaires a une influence directe sur le coût de production

Et les autres marchés…

Loin de moi de voir tout en noir, mais le spectre de la récession frappe plusieurs de nos marchés en Europe, dont la Grande-Bretagne et ce n’est pas de bon augure pour nos exportations. On pourrait se tourner davantage vers le marché local. Malheureusement, avec la perte graduelle du pouvoir d’achat, les Mauriciens se concentrent sur les produits de consommation. Cela dit, je souhaite que le gouvernement prenne des mesures dans le prochain budget pour soutenir plus les petites et moyennes entreprises. Car contrairement aux grandes entreprises, ils ne peuvent pas délocaliser dans des pays où l’herbe est plus verte…

Comment vous venir en aide ?

Comme, je l’ai fait ressortir au ministre des Finances, lors de la rencontre prébudgétaire, les petites et moyennes entreprises, qui opèrent dans plusieurs secteurs d’activités, sont de gros pourvoyeurs d’emplois stables à Maurice. Nous avons des employés qui travaillent pour nous depuis des décennies. Perdre leurs emplois du jour au lendemain pour des raisons économiques leur porterait un grand préjudice.

Je suis reconnaissant envers le gouvernement pour l’aide qu’il nous a apportée (des facilités d’emprunts auprès de la Banque de développement) pendant la pandémie de Covid-19. Ce qui nous a permis de sauvegarder des emplois. Toutefois, la majorité de ces petites et moyennes entreprises peinent à rembourser les emprunts qu’elles ont contractés. Ce qui me pousse sans cesse à réitérer mon appel au gouvernement pour éponger ces dettes. J’estime aussi qu’il est discriminatoire que les entreprises dans l’exportation puissent inclure le coût de l’hébergement dans le salaire minimum alors que celles qui ne le sont pas ne peuvent le faire. Je souhaite que le ministre des Finances prenne des mesures dans le prochain Budget pour corriger cette injustice. Outre les mesures fiscales, les autorités peuvent aussi nous soutenir davantage dans le domaine du marketing et dans la prospection des nouveaux marchés

 

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