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Affaire BAI: nTan cible le laxisme des régulateurs et des auditeurs

Le rapport de nTan a été remis à la Banque de Maurice.
La firme mandatée pour décrypter les raisons qui ont entraîné la chute du groupe BAI déplore le laxisme de la Banque de Maurice, de la Financial Services Commission et du cabinet KPMG. Comme dans son rapport intérimaire remis à la Banque de Maurice en début d’année, nTan s’est concentré sur les pertes de Rs 14,7 milliards encourues par le groupe BAI entre 2010 et 2013. Pour les auditeurs, « It is unclear how BA Insurance managed to get away with the liberal and convenient interpretation of the related party exposure limit ». La chute du groupe BAI aurait pu être « évitée » si la Financial Services Commission (FSC) avait été « plus sévère » dans l’application de la loi. Le cabinet KPMG en prend pour son grade pour n’avoir pas tiré la sonnette d’alarme au lieu de signer les bilans du groupe BAI entre 2007 et 2014. Tout comme le cabinet BDO qui a signé ceux de Bramer Property Fund (BPF). Pour nTan, KPMG aurait dû avertir la FSC de ses doutes quant au « financial soundness » du pôle assurance et de sa capacité à « meet the margin of solvency » ainsi que les Rs 3,6 milliards qui ont subitement apparu sur son compte en décembre 2009 afin de dissimuler l’état réel de sa santé financière. Bien que ses comptes eurent été dans le rouge, BA Insurance a avancé Rs 363 millions à la BAI en 2007 contre Rs 1,279 milliard en 2008, Rs 957 millions en 2009, Rs 110 millions en 2010, Rs 48 millions en 2011, Rs 227 millions en 2012 et Rs 139 millions en 2013. Ce qui totalise une enveloppe de Rs 3,123 milliards, sans compter les Rs 50,3 millions payées au BAI sous l’item « technical fees ». Ce paiement fait sourciller nTan car il se dit incapable de « ascertain if BA Investment had, in fact, rendered any services to BA Insurance ». Le cabinet singapourien s’est penché sur le modus operandi des malversations au sein du BAI. Il a analysé comment des offres d’investissements alléchants ont été lancées pour attirer le plus grand nombre de clients au niveau du pôle assurance et d’investissements immobiliers. Il souligne que le BAI avait des « questionnable accounting practices » et que son Chief Operating Officer a concédé, en juin 2010, que les « investment portfolio » offerts allaient générer de « low cash returns ». Et qu’il fallait donc continuer à trouver d’autres sources de revenus pour financer ses « operating expenses » et à rembourser les clients dont les dépôts étaient arrivés à maturité. Un chapitre est aussi réservé sur les transactions de BPF. Plus particulièrement l’achat des actions de Seaton à Rs 450 millions en mai 2010. Tout comme les Rs 422 millions investies dans Iframac et qui ne pourraient jamais être recouvrées. En tout, BPF a « détourné » Rs 2,8 milliards des fonds de ses clients vers des filiales du BAI « with no real expectations of recovery ». De tels tours de passe-passe font dire à nTan que BDO « should have been acutely aware of the questionnable accounting practices and questionnable transactions ». Mais, déplore-t-il, elle a choisi de faire l’impasse sur les normes comptables et « failed to adequately and critically evaluate the appropriativeness of the valuation methodology ». Surtout au sujet du bilan financier de 2010 où il y a eu un « overstatement » de Rs 465 millions. La Bramer Bank n’échappe pas non plus aux critiques. L’établissement était censé être contrôlé par les organismes régulateurs mais elle a quand même contourné les règles de la Banque de Maurice en effectuant des « related transactions ». Notamment en lui fournissant des informations incomplètes et inexactes autour de l’achat du « Hire Purchase Book » d’Iframac Retail. Il devait effectuer une transaction de Rs 1,6 milliard mais a déboursé Rs 2,5 milliards et quelques autres centaines de millions de roupies des comptes de ses clients vers d’autres filiales du vaisseau amiral qu’était le BAI.
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