Le taux de mariage est en chute libre… Selon les statistiques du Global Gender Cap index, il est passé à Maurice de 21,1 en 1993, à 15,8 en 2014. Certains ne veulent pas en entendre parler, d’autres vivent en concubinage…
1 Ça coûte cher !
Le mariage fait rêver et conserve son cachet sacré, romantique et traditionnel. « Même s’ils ne veulent pas d’un mariage religieux, les couples rêvent en grand, car ils estiment que c’est l’un des plus beaux jours d’une vie. Surtout les femmes qui, depuis le temps où elles jouaient à la poupée, rêvent un jour de revêtir une robe de princesse et d’en jouer le rôle », explique Wendy Doman, Wedding Planner. « Certains couples sont prêts à y investir beaucoup d’argent. D’autres attendent de pouvoir réunir la somme nécessaire. Évidemment, certains couples décident de vivre ensemble, le temps de réunir la somme requise et finissent, au bout du compte, par en abandonner l’idée. » Elle précise qu’il est important de ne pas vouloir faire comme les autres : « On se marie, c’est là l’essentiel, et on organise une fête selon ses moyens, sans s’endetter. »2 Liberté : « Je ne veux pas me passer la corde au cou… ! »
Si, de manière littérale, « avoir la corde au cou » signifie « être à la merci de quelqu’un ou être dans une situation périlleuse ou désespérée… », on se demande pourquoi cette expression reste associée au mariage ? Pour Kurvin, 32 ans, « le mariage est un engagement qui signifie qu’il faut respecter l’autre personne et accepter des sacrifices. Si je me marie, je dois limiter mes sorties, avoir une heure pour rentrer, réduire mes sorties entre copains, alors que c’est la vie que j’aime. J’aime ma copine, mais je ne trouverai pas normal de me marier puis de poursuivre mes habitudes et l’abandonner sous le toit conjugal… le mariage est comme une laisse qui limitera mes activités ! »3 Le concubinage séduit
Ils sont nombreux à vivre ensemble sans être mariés. Marc et sa copine le font depuis deux ans et cela leur convient parfaitement. « Les mœurs ont changé. Auparavant, les parents n’autorisaient pas leurs enfants à vivre ensemble en dehors du mariage. Aujourd’hui, ils encouragent cette tendance pour être sûr que leurs enfants ont trouvé la bonne personne. Le concubinage n’est plus vu d’un mauvais œil. Si l’on est bien comme ça, comment le fait d’apposer sa signature sur un document au bureau de l’état civil changera-t-il notre manière de vivre ou notre vie de couple ? »4 « Dans le doute, mieux vaut s’abstenir »
« Pankor marier…» Qui n’a jamais entendu cette phrase dans une réunion de famille ? Stephan en sait quelque chose. « Chaque fois, on m’agace avec cela. On ne se marie pas parce qu’on atteint l’âge de le faire, mais parce qu’on a envie de le faire ! » Marjolaine R, conseillère, explique : « Les parents font parfois pression sur leurs enfants pour qu’ils se marient au plus vite et cela cause beaucoup de frustration. Parfois, la personne cède à la pression et se marie avec le premier venu, même s’il n’y a pas de sentiments véritables. La pression sociale est un véritable monstre. Les jeunes sont influencés par ce qu’ils voient autour d’eux. Or, le mariage est un engagement sérieux. Si l’on n’est pas conscient de ses implications, vaut mieux s’abstenir. C’est ce que je conseille aux jeunes couples que je rencontre… Le programme préparatoire au mariage est donc bénéfique aux couples qui souhaitent s’engager.»5 Implications légales
Le mariage a des implications légales. « Par exemple, si vous trompez votre conjoint, cela constitue une faute aux yeux de la loi et il pourra réclamer le divorce. Or, certaines personnes ne souhaitent pas être traînées devant la justice. Elles préfèrent donc ne pas se marier pour éviter de tels inconvénients. Cela évite également toutes les procédures fastidieuses du divorce. « Certains de nos compatriotes ne souhaitent pas s’engager au regard de la loi, pour avoir la possibilité de se défaire de leur relation sans difficulté, si cela ne marche pas », explique une avocate. Selon elle, « certaines personnes, très riches, évitent également de se marier pour protéger leurs biens/leurs fortunes même s’ils choisissent le régime matrimonial de la séparation des biens. Pour ne pas froisser son partenaire avec le régime matrimonial, le plus simple est de ne pas se marier…»6 La peur d’être déçu(e)
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1507","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-1391","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"445","height":"278","alt":"Mariage"}}]]Le mariage fait peur. « Comment pourrais-je passer le reste de ma vie auprès d’une seule personne ? Ce sont les questions que l’on se pose en général. Parfois, on doute de son partenaire. Parfois, nos expériences passées nous empêchent de franchir le pas. Celui qui a souffert d’une déception amoureuse veut fuir le mariage à tout prix. » Sam Coomar Heeramun, psychothérapeute, affirme : « L’infidélité détruit tellement de couples autour de nous que nous craignons de nous engager. Nous vivons dans un système où souvent les couples mariés passent très peu de temps ensemble. Les époux finissent par tromper leur conjoint avec une personne sur leur lieu de travail avec qui il/elle passe parfois plus de 8 heures par jour. Il/elle sort très tôt le matin et rentre très tard le soir. Au fil des ans, il n’y a plus d’affinité entre les époux… »7 Pas toujours pour les bonnes raisons
Une copine enceinte ; l’envie d’émigrer ; jouir de moyens financiers plus élevés ; fuir de la maison de ses parents ; fléchir sous la pression parentale ou sociale… Autant de raisons soulevées par ceux que nous avons interrogés pour nous dire s’ils connaissent quelqu’un de leur entourage qui s’est marié pour de mauvaises raisons. Jason, 24 ans, témoigne : « Quand ma petite amie leur a annoncé qu’elle était enceinte, ses parents ont aussitôt fait appeler les miens pour fixer la date du mariage. Certes, on avait fait une bêtise, mais cela ne faisait que trois mois que nous étions ensemble. ‘Mais Kidimoun pou dir ?’ ont-ils dit. Nous étions si malheureux. On ne voulait plus se voir, plus être ensemble. Nous n’avons pas profité du mariage, tellement nous nous sentions mal. Effectivement, six mois après la naissance du bébé, on s’est séparé… »8 Le mariage n’est pas une preuve d’amour
Mélissa et son conjoint vivent ensemble depuis six ans. Ils ont un enfant et ne sont pas mariés. « Ce n’est pas le mariage qui apportera de l’amour dans notre couple. En tant que partenaires de vie, ayons du respect pour notre conjoint, connaissons nos limites. La confiance règne dans notre couple. Nous faisons tout ensemble et nous n’avons pas besoin d’un bout de papier pour concrétiser notre union. Notre amour est vrai et sincère, c’est cela qui importe…» Le conjoint de Melissa ajoute : « Nous connaissons des couples mariés qui se querellent à longueur de journée. Ils trompent leur conjoint à la moindre occasion avec des gens mariés comme eux. La personne qui partage ma vie mérite tout mon amour. Je n’ai pas besoin d’être marié pour lui donner tout cet amour. »9 Ça se termine par un divorce…
« Il suffit de voir les chiffres. Je ne vais pas me marier et divorcer plus tard. » Cette jeune femme de 28 ans estime qu’autour d’elle « il y a trop de personnes divorcées ». « On se dit alors : si cela n’a pas marché pour toutes ces personnes, ma sœur, mes parents, mon meilleur ami, pourquoi cela marcherait-il pour moi ? » Selon les statistiques, le taux de divorce est passé de 1,4 à 3,6 entre 1993 et 2014. Rien que l’an dernier, la Cour suprême a enregistré 2 262 divorces, dont sept avant un an de mariage. La majorité des demandes interviennent entre cinq et dix ans de mariage. Avec le divorce consensuel, les choses se passent désormais plus vite. « Il est important pour nous, humains, de reconnaître que nous avons commis une erreur ou que nous avons des torts partagés qui ont provoqué la rupture de notre mariage. Pouvoir y mettre un terme par consentement mutuel nous évite beaucoup de mal », explique un couple divorcé depuis peu.10 L’annulation de mariage… pas une mince affaire
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1509","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-1392","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"450","height":"526","alt":"Mariage"}}]]Un mariage civil ne peut être gommé. Même si une personne est divorcée, elle restera toujours l’ex-femme de X ou l’ex-mari de Y sur le plan légal. Par contre, l’annulation du mariage est autorisée dans certaines religions, sauf que la procédure n’est pas simple. Au niveau de l’Église catholique, l’annulation de mariage n’est autorisée que dans des cas précis (voir le site du diocèse) :- si l’un des époux ne jouit pas de l’usage suffisant de la raison au moment du consentement
- s’il y avait un manque grave de lucidité sur l’engagement de mariage (… si on se marie (…) pour de fausses raisons comme : fuir la maison paternelle, faciliter les démarches administratives pour obtenir des papiers civils, parce que la fille est enceinte, etc.)
- si, profondément inséré dans sa personnalité, il y a un défaut qui rend la personne incapable de mener une vraie vie conjugale épanouissante pour les deux (par exemple, maladie mentale…)
- s’il y a erreur sur une qualité directement et principalement voulue chez l’autre partie…
- si, en vue d’obtenir le mariage, on a caché volontairement à l’un des partenaires un aspect important de la personnalité de l’autre…
- si l’engagement n’était pas libre pour cause de pressions extérieures : menaces, violences, etc.
- en cas d’impuissance.
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